Peut-on démissionner et toucher le chômage ?

Quitter son emploi, c’est parfois une décision mûrement réfléchie… ou un ras-le-bol du lundi matin qui dure depuis un peu trop longtemps. Mais une question revient toujours : si je démissionne, puis-je toucher le chômage ?

En France, la réponse n’est pas un simple oui/non (comme souvent). Dans la majorité des cas, non, mais il existe des exceptions à connaître. Et rassurez-vous : elles ne sont pas aussi rares qu’un lundi matin ensoleillé à Paris. Pardon les parisiens.

La règle générale : pas de chômage après une démission classique

Par défaut, le chômage (ARE) est réservé aux personnes qui perdent involontairement leur emploi : licenciement, fin de CDD ou de contrat d’apprentissage, rupture conventionnelle…
Si vous partez de votre plein gré, France Travail considère que vous n’êtes pas « privé d’emploi » et donc, logiquement, vous ne pouvez pas bénéficier immédiatement d’allocations chômage… sauf si votre démission est considérée comme légitime.

En clair : si vous claquez la porte un vendredi soir parce que votre chef vous a encore parlé de “synergie inter-service” à 18h30… vous n’êtes pas éligible. Oui, c’est frustrant.

Et pour un CDD ?

Un CDD ne se rompt pas comme un CDI. Vous pouvez partir avant la fin uniquement si vous signez un CDI ailleurs, si vous avez un accord avec l’employeur ou enfin s’il y a faute grave, inaptitude ou force majeure.

Si la rupture respecte ces conditions ou que le CDD arrive à son terme, vous pouvez toucher le chômage (sous réserve des règles habituelles). Sinon, c’est comme une démission classique : pas d’ARE immédiate.

Les démissions légitimes : quand le chômage reste possible après une démission

France Travail reconnaît plusieurs situations légitimes où démissionner n’empêche pas de percevoir le chômage. Ces situations peuvent être dûes à :

  • Vous déménagez (suivi de votre conjoint(e), mariage/PACS, enfant et handicap…)
  • Vous démissionnez d’un nouvel emploi que vous avez pris après un licenciement
  • Votre employeur ne vous verse plus de salaire
  • Vous êtes victime d’actes délictueux au travail (harcèlement, violences…)
  • Vous avez démissionné pour créer une entreprise
  • Vous avez un projet de reconversion professionnelle
  • Vous partez en service civique ou en volontariat

Plusieurs situations permettent donc de bénéficier des indemnités chômage : si votre départ est motivé par un événement important, un impératif familial ou un projet professionnel validé, vous avez toutes les chances de conserver vos droits. Pour en savoir plus sur le détail et les conditions exactes sont expliquées ici par France Travail.

Période d’essai : peut-on démissionner et toucher le chômage ?

La période d’essai est un moment un peu particulier, comme un premier rendez-vous : on apprend à se connaître… et parfois, ça ne colle pas.

  • Lorsque c’est l’employeur qui met fin à la période d’essai, vous êtes considéré comme privé d’emploi de manière involontaire. Vous pouvez donc percevoir l’allocation chômage, sous réserve de remplir les autres conditions habituelles.
  • Lorsque c’est vous qui décidez de partir, la situation est assimilée à une démission classique. Autrement dit : pas de chômage, sauf si vous rentrez dans un des cas de démission légitime évoqués plus haut.

Si la situation devient compliquée mais que vous voulez préserver vos droits, il peut être utile de discuter avec votre employeur pour voir si un accord de rupture anticipée à l’amiable est possible. Parfois, une bonne conversation vaut mieux qu’un départ précipité… et qu’une fin de mois compliquée.

Reconversion et création d’entreprise : le cas le plus stratégique

Depuis 2019, la loi permet à un salarié de démissionner tout en gardant son droit au chômage dans deux situations bien précises :

  • Lorsqu’il souhaite créer ou reprendre une entreprise.
  • Lorsqu’il souhaite suivre une formation qualifiante pour changer de métier.

Mais attention, ce n’est pas un “passe-droit” automatique :

  • Vous devez justifier d’au moins cinq années consécutives en tant que salarié.
  • Vous devez faire valider votre projet par une commission Transitions Pro avant de donner votre démission.

Sans cette validation préalable, c’est un peu comme réserver un voyage sans passeport : ça ne décolle pas.

Ma démission ne rentre pas dans les cas légitimes, que faire ?

Si votre situation ne correspond à aucun des cas de la liste officielle, vous n’avez pas droit au chômage immédiatement.

En revanche, après 121 jours (environ quatre mois) de chômage non indemnisé, vous pouvez demander un réexamen de votre dossier. France Travail vérifiera alors si vous avez cherché activement un emploi, mais sans succès. Si c’est le cas, vous pourrez percevoir l’ARE.

C’est un peu la file d’attente “retour au chômage” : longue, mais pas complètement fermée.

Astuces pour éviter les mauvaises surprises

  • Gardez précieusement toutes vos preuves et justificatifs : attestations, courriers, échanges avec l’employeur… car une parole seule ne suffit pas.
  • Privilégiez la rupture conventionnelle lorsque c’est possible, car elle ouvre droit au chômage sans conditions particulières.
  • Anticipez la validation de votre projet si vous partez pour reconversion ou création d’entreprise. L’administration aime la préparation (et déteste les “ah au fait…”).

En résumé

Peut-on démissionner et toucher le chômage ?

Oui, mais uniquement dans des situations précises : démission légitime, reconversion ou création d’entreprise validée, ou réexamen après 121 jours. Dans les autres cas, pas de droit immédiat aux allocations chômage.

La clé, c’est l’anticipation. Quitter un emploi sur un coup de tête peut donner un joli scénario de série… mais dans la vraie vie, mieux vaut partir avec un plan. Parce qu’une liberté professionnelle bien préparée, c’est aussi une tranquillité d’esprit assurée.

FAQ

Peut-on toucher le chômage après une démission ?

En principe, non. Une démission est considérée comme une rupture volontaire du contrat de travail et n’ouvre pas droit aux allocations chômage… sauf dans certains cas spécifiques.

Certaines démissions sont considérées comme légitimes, par exemple : suivre un conjoint muté, partir pour un projet de reconversion professionnelle validé, subir un harcèlement ou en cas de non-paiement de salaire. Dans ces cas, le droit aux allocations est immédiat.

Vous devez justifier la légitimité de votre démission, présenter éventuellement votre projet à la commission paritaire régionale (pour reconversion professionnelle) et vous inscrire auprès de France Travail dans les 12 mois.

Vous pouvez demander un réexamen de votre situation après un délai d’environ 4 mois. La commission paritaire régionale évaluera alors si vous pouvez bénéficier des allocations chômage.

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